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Est-ce le contexte politique ? Alors que se tient, dans quelques jours, dans le Brandebourg, un nouveau scrutin régional qui devrait être marqué par la forte progression de partis hostiles au soutien à l’Ukraine, l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (IfW Kiel) a publié, lundi 9 septembre, un rapport alarmant sur les dépenses militaires de l’Allemagne, dont les conclusions ne manqueront pas d’interférer avec la discussion sur le budget 2025, qui s’ouvre au Bundestag.
Le document dresse un constat sévère sur l’effort de réarmement mené par Berlin depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, soulignant le contraste entre les promesses formulées, dans un contexte de grande émotion, et l’argent effectivement dépensé. « Le monde est entré dans une nouvelle ère, déclarait le chancelier, Olaf Scholz, devant le Bundestag, le 27 février 2022, lors d’un discours historique. Il est clair que nous devons investir beaucoup plus dans la sécurité de notre pays, afin de protéger notre liberté et notre démocratie. » Avec un objectif clairement affirmé : « Une armée fédérale performante, ultramoderne et progressiste, qui nous protège de manière fiable. »
Deux ans et demi plus tard, le bilan est décevant, s’inquiètent les experts de l’Institut de Kiel. « L’Allemagne n’a pas substantiellement accru ses investissements dans les dix-huit mois qui ont suivi février 2022 et ne les a accélérés qu’à la fin 2023 », notent les auteurs, qui estiment qu’il faudra cent ans pour que l’armée allemande retrouve le niveau d’équipement qu’elle avait en 2004 – année prise pour référence –, alors même que les capacités de l’industrie d’armement russe ont fortement augmenté ces deux dernières années, au-delà même des pertes de matériel en Ukraine. Moscou serait capable de produire l’ensemble du stock d’armes de l’armée allemande en un peu plus de six mois.
Cet effort tardif de l’Allemagne est jugé « trop faible pour combler le retard », alors que le gouvernement fédéral parvient à peine à remplacer le matériel envoyé vers l’Ukraine. En résumé, « le changement d’époque n’est, pour l’instant, qu’un mot creux », a affirmé le président de l’IfW Kiel, Moritz Schularick : « Malgré la rhétorique du changement d’époque [die Zeitenwende], l’écart entre les capacités militaires de l’Allemagne et de la Russie continue de se creuser. »
L’institut documente le déclin très substantiel de l’équipement de la Bundeswehr depuis les années 1990, dans les six grandes catégories d’armement : l’Allemagne avait ainsi 4 000 chars de combat en 1992, puis encore 2 400 en 2004, mais seulement 339 en 2021, tandis que le nombre d’avions de combat a été divisé par deux en vingt ans (à 226 en 2021). Un « dividende de la paix » qui aurait permis au pays d’économiser entre 400 milliards et 600 milliards d’euros au cours des trois dernières décennies.
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